samedi 3 décembre 2011

Résilience

Je ne me retourne pas. Je NE dois PAS me retourner. De temps en temps, des bribes de souvenirs ressurgissent et me font terriblement mal, accentuant ma déprimante vie quotidienne.

A y réfléchir, ça fait des années que j'oublie volontairement ma vie. Je sais que c'est volontaire. Enfin, pour être plus précis, je sais que mon cerveau ne veut plus imprimer de souvenirs. Je le sens. Mon cerveau est en mode survie, il veut me sauver. Ma mémoire me joue des tours, mais elle le fait exprès.

Je ne sais plus quand ma mémoire s'est mis en mode "oublie automatique".  J'ai une vague idée. Mais y repenser est impossible. Impossible.
Vous voyez, cet article, il est difficile à écrire car je sais que mon cerveau m’empêche de continuer. Je me bats contre lui. Je sens qu'il ne faut pas continuer. Il esquive, il me pousse à faire autre chose. Que d'affronter mon passé va me tuer.

Je ne suis pas prêt à l'affronter. Pas seul. La résilience n'est pas pour moi. Pas encore.
C'est donc une fuite en avant. Je m'aperçois en fait que tout ce que je fais est un suicide. Je sabote mes relations humaines malgré moi et j'en souffre à en crever. Je prends des risques financiers stupides. J'ai une vie de clochard/gitan car je fuis. Je fuis je ne sais quoi, je n'en peux plus de fuir.

Mais s’intéresse t-on à la vie d'un second rôle ? Je sais que je n'aurai pas d’écoute. Tout le monde s'en fout du figurant petit et moche. Comme je sens que vous n'allez pas me sauver, mon cerveau m'aide et obstrue ma mémoire. Hier devient l'année dernière, l'année dernière pourrait être hier. Les marqueurs de ma vie me sont inconnues. Mes textes, mes actions passées me sont étrangers.

- "Reconnaissez-vous être l'auteur de ce papier ?"
- "Non, comment voulez-vous que je m'en souvienne ?"

Ce qui m'a peiné pendant de nombreuses années, c’était que les souvenirs joyeux étaient eux aussi effacés.

Et puis j'ai compris. Désormais, je sais que mon cerveau les efface en premier. Le souvenir des quelques moments heureux seraient mortel pour un mec seul, toujours seul. Avec qui partager ces souvenirs ? Chaque nuit, je m'endors seul. Chaque jour je travaille seul, je donnes des centaines d'ordres à des employés, mais je suis seul.

Je suis un robot. Mon cerveau aime ça.

Gouffre

Ne pas plaire aux femmes. Le temps ne fait rien à l’affaire. Je vois des gamines magnifiques, des femmes élégantes et je sais que jam...