mercredi 11 septembre 2013

Les humiliations fondatrices

"A compétence égales, eh bien, désolé, on choisira la femme ou on choisira la personne venant de ... euh... euh... autre chose que le mâle blanc, pour être clair !"
la raciste anti-blanc Anne Lauvergeon, présidente d'Areva.
https://www.youtube.com/watch?v=BMP-O6fcw08

Les jours de doutes, une anecdote me revient souvent à l'esprit :
12 ou 13 ans, collège tranquille de province. Je suis l'un des meilleurs en classe et LE meilleur en sport.
Mes parents sont riches. La vie s'annonce facile dans ma conscience insouciante.

Ah si, seul souci : bizarrement, je n'ai aucune copine, même pas une petite amoureuse. Pourtant, je suis le premier à discuter avec les filles et à faire le clown pour leur plaire. Mais non, aucune ne m'aime. Je me rassure (inconsciemment) en me disant que les filles n'osent pas sortir avec un garçon aussi extraordinaire que moi.

Puis ce jour particulier où, dans la cour de recréation, 3 ou 4 filles se réunissent à proximité et parlent de la préparation d'une future "Boum".

L'une d'elles sort un cahier et demande aux autres de nommer les garçons qui seront invités. Très rapidement, mon prénom est prononcé (le 2eme ou 3eme), ce qui me semble le plus naturel du monde. J'esquisse un discret sourire dans mon coin, en évitant qu'elles le remarquent.

Puis la liste s'allonge. On arrive au numéro 20, bientôt 25. Les filles commencent à parler des garçons pas très beaux mais qui sont sympas. Puis ceux qui sont pas très beaux et pas très sympas. Leur discours devient agressif et violent. Celui-ci est rejeté parce que trop laid. Celui-là parce qu'il est à la limite de la trisomie.

Leurs rires deviennent obscènes et véritablement méchants. Celui-ci est moqué parce que pauvre et mal habillé. Tel autre parce que bégayant.

Puis ce moment que je n'oublierai jamais.

Une fille se tourne vers moi et déclare tout haut : "Et lui, on en fait quoi ?"

Ma pensée s’obscurcit, mes mains tremblent, ma respiration s’accélère ...
Je comprends que le prénom qu'elles avaient donné en début de liste ne correspondait pas à ma personne.
Il s'agissait d'un beau gosse dans une classe différente.

Depuis 15 minutes (et en fait depuis ma naissance), je me gaussais de faire partie de l’élite alors que ma vraie place était au fond des recalés de la vie, simplement parce que je suis moche.

Une autres fille se tourne vers moi et me dit, sur un ton directif, méprisant et condescendant :
"Toi, on t'autorise à venir mais tu ne portes pas de baskets ce soir là"

Ma perception de la vie a définitivement changé ce jour là.

Je compris que j’étais inscrit dans le camps des vaincus avant d'avoir livré ma première bataille.
A quoi bon être intelligent en classe, à quoi bon être fort en sport, à quoi bon faire l'amuseur si je n'ai pas accès au bonheur et à la tendresse de l'amour ?

Les enfants sont méchants entre eux : ils annoncent ce que sera votre vie d'adulte.

Gouffre

Ne pas plaire aux femmes. Le temps ne fait rien à l’affaire. Je vois des gamines magnifiques, des femmes élégantes et je sais que jam...